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Amérindiennes


Amerindiennes

Le Brésil
de Muriel Cerf


Un récit picaresque
aux couleurs surréelles.

Le Brésil est un kaléidoscope. Il renouvelle ses couleurs à chaque mouvement de poignet. Celui que Muriel Cerf a fixé, pour le temps d'un livre, est peut-être le plus énigmatique: le Brésil des dieux et des masques. Dans les géographies enchevêtrées de ce pays, Muriel Cerf a prélevé un territoire étincelant dont les capitales se nomment Salvador-de-Bahia, Sao-Luis, Belem et Rio, un étrange continent dans lequel les dieux venus d'Afrique continuent de débarquer par cargaisons entières, à tout bout de champ.

A ce Brésil émerveillé, baroque et tragique, il faut ajouter Muriel Cerf, et ce n'est pas rien. Muriel Cerf a beaucoup de talents. Comme elle a un regard de mouche, elle voit de tous les côtés en même temps. Au surplus, elle est exaltée et elle rêve très fort. Elle compose de longues phrases opulentes, dont on croit perdre le fil et qui retombent par miracle sur leurs douze pieds. Elle saupoudre enfin son texte d'une ironie qui procède de Giraudoux.

Une personne qui s'appelle Emma Lazarus débarque au Brésil. Elle est à la recherche de son frère, un ethnologue, qui s'est un peu égaré dans les taxinomies de Lévi-Strauss, et, pour l'heure, il est sans doute prisonnier dans la forêt amazonienne. Emma se met en chemin mais, comme elle a ses idées sur beaucoup de choses, elle commence, dès son arrivée à Rio, par chercher noise au Christ de Corcovado, qui ne lui plaît pas trop. Elle le gronde. Elle trouve qu'il a l'air drogué, et puis, n'a-t-il pas couvert, de ses deux bras étendus, des trafics d'esclaves très ignobles? Le Christ n'est pas content, il se défend comme il peut. Après tout, il n'est qu'un "dieu de paille", un prête-nom, puisque sous couvert de christianisme, de pastorales et de jésuites, ce sont en vérité les esprits africains, les orixas, qui règnent en ce lieu.

Voilà le ton. Un récit picaresque augmenté de couleurs surréelles et qui caracole à bride abattue d'un bout à l'autre du pays monumental. A la trace d'Emma Lazarus, il arrive que nous perdions un peu le souffle, mais elle a la gentillesse de faire des pauses de temps en temps, et on la retrouve chez un gros banquier suisse, chez une "mère de saints" de Bahia, dans une maison de porcelaine bleue de Sao-Luis, entre des crucifix ensanglantés, des vierges de cire et les poulets tués des cultes noirs. On fait le "diable boiteux", on soulève des couvercles ou des toits, et l'on aperçoit, du Brésil, ce qui se cache et qui fait peut-être le vrai Brésil.

Nous avons un peu insisté sur le délire et la fantaisie du livre. Il faut dire aussi que cette quête, même farfelue, est fort grave. Elle a des allures d'initiation. Emma Lazarus, à travers ses rues enivrées et ses forêts carbonifères, parmi ses candomblés et les tambours de peau de chèvre des dieux noirs, tourne autour de choses sérieuses. Face à la rationalité occidentale, elle cherche et elle repère, là-bas où règnent d'autres rêves, des éclats de l'éternité.


« ... Nuits farouches, secrets gardés. Nuits antiques, choeur des filles de Peliatan à la tête casquée d'or, nuit râmâyanesque aux murs de Prambanan, nuits des rois d'Ur de Sumer et d'Akkad, nuits babyloniennes de Borobudur, nuits carolingiennes, chars des rois fainéants sur les routes de Java central et chaume aux merus des temples, nuits américaines de Djakarta l'interlope la violente la crapularde cité des terrains vagues, des hélijaks à moteur, du drive-in et des canaux de boue. Nuit hermétique, nuit dionysienne, nuit poisseuse de mousson, gouffre aux chimères. Nuits d'ultra-violence, transe et spasme, les chamanes ont quinze ans, fument la morphine, marchent sur le feu et flanquent des peignées aux flics. Pays d'éternelle jeunesse. A l'est du détroit de Makassar les îles n'ont pas fini d'émerger, les fonds marins de se creuser et la terre de trembler pendant que le vieux lézard de l'ère primaire rampe encore sur l'île de Komodo. ...»







Amerindiennes

Gilles Lapouge
Le Monde
27 Avril 1979
 






Le Relais
Membre du Relais

 




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