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Le Verrou



Le Verrou





Le Verrou





Muriel Cerf,
magicienne de l'indicible


Aussi riches, aussi savoureux
que les onctueuses pâtisseries
que l'on déguste à Vienne,
ses romans s'adressent
aux vrais gourmets de la littérature.
Le Verrou, son dernier livre,
n'échappe pas à la règle...
Six cents pages serrées
autour du thème de la passion.
Un véritable festin de mots!


Depuis six ans, elle se faisait rare. Les lecteurs qui plongeaient, sans en sortir indemnes, dans ses romans jungle, saturés de rêves et de mythes, sous l'alchimie rimbaldienne de la magie et du réel, se demandaient quelle mouche avait piqué cette romancière à la silhouette d'elfe. Etait -elle repartie en Inde, patrie de l'Antivoyage, premier roman écrit dans la fulgurance de ses vingt- quatre ans et salué par André Malraux? Avait elle abandonné l'écriture pour d'autres aventures moins intérieures? Ou, au contraire, avait elle choisi le désert? Le couvent? Presque. Durant tout ce temps, derrière les murs de brique d'un pavillon de banlieue protégé par la double et tendre sentinelle d'un couple de chats et d'un mari aux petits soins, Muriel Cerf n'a fait qu'écrire.

Le mariage de l'eau et du feu
Tournant le dos aux espaces indolents, au pur bonheur de vivre, elle a vécu dans une claustration forcenée où son dernier roman, Le Verrou, puise d'ailleurs l'un de ses thèmes. Sous ce titre, inspiré d'une célèbre toile de Fragonard reproduite en partie sur la jaquette du livre, l'histoire d'une passion dévastratrice, sacrificielle autant que violemment sensuelle. Celle de Massimo Cuori pour Nora Neumann. Le mariage de l'eau et du feu. D'un côté, un fils de famille écrasé par une mère neurasthénique, amateur de prélats et de cigares hollandais. Romanesque comme les Italiens du Nord le sont quelquefois jusqu'au cliché. De l'autre, une Cosette à peine sortie de l'enfance, tout à la fois exquise et cynique, inspirée et superficielle, aussi grande comédienne qu'elle est infatigable dévoreuse de Sachertorte et de portefeuilles bien garnis. Captif des jeux amoureux qu'elle lui inspire, jusqu'aux plus folles transgressions, Massimo sera marqué à vie. Des années plus tard, alors qu'il vieillit aux côtés d'une aristocrate végétarienne et wagnérienne, l'ancien amant entreprend de raconter ce qui torture toujours sa mémoire. Muriel Cerf n'en fait pas mystère: ce roman s'inspire d'un épisode précis de son propre passé. Mais c'est à Massimo, et non à Nora, qu'elle a prêté ses sentiments: «Ma chère grand-mère - la femme qui m'avait en quelque sorte élevée - venait de disparaître, brisant tous mes repères. Une rencontre s'est alors produite avec un être aussi paradoxal que Nora, aussi charmeur et aussi destructeur. Le coup de foudre. L'abandon. Le don. J'ai plongé dans l'ivresse d'aimer, puis la douleur de ne pas l'être, ou du moins pas comme on pense le mériter. Comme Massimo, je suis fascinée par la grâce, la pire, celle qu'on ne fait que frôler, sans jamais la saisir.» Pour dépeindre la grâce de Nora, Muriel Cerf évoque «cette transe légère des jeunes filles qui laissent la vie se faire comme les balancelles osciller, la mer et les nuages aller et venir aussi insensiblement que la glace fond sur le bout de leur langue». Aveu de fascination pour d'éphémères lotitas ? «Pas du tout! Je ne suis pas obsédée par la jeunesse. Au contraire, les femmes me semblent souvent bien plus fascinantes à quarante ans, embellies par la vie, par l'expérience du bonheur et de la douleur d'aimer.»

Une densité joycienne
Il y a quatre ans, Muriel Cerf a cru toucher le fond, et n'en jamais remonter. Puis l'amour est revenu, sous les traits apaisés d un auteur- compositeur de quelques années son cadet qui, pour la soutenir, a mis en sourdine sa propre carrière. La solitaire aux semelles de vent s'est mariée. A l'évidence, pour le meilleur - rares sont les romancières dotées comme elle d'un conjoint à la fois agent littéraire et dactylo! Muriel Cerf a pu renaître à la force d'écrire. Il en faut quand on conçoit des romans à la densité quasiment joycienne, gorgés - comme un pudding saxon l'est de fruits secs - de mots, de trouvailles, de métaphores. Jubilante, parfois précieuse, toujours inspirée, son écriture témoigne d'une fabuleuse érudition, d'un véritable talent poétique, ainsi que d'une capacité à ferrailler, des heures durant, avec l'indicible. «Les mots vous font mal quand ils viennent et vous rendent malades de ne pas venir», fait elle dire à son héros Massimo. Devant le Verrou, et à la pensée que dix autres manuscrits, tout aussi importants, s'empileraient dans le grenier, on mesure soudain le courage de cette magicienne, moins frêle qu'elle ne paraît. Et sa passion.

Elisabeth Barillé

Le Verrou

LE VERROU
de Muriel Cerf,
627 pages, Actes Sud - Roman

Atmosphères - mai 1997






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