LE POINT DE VUE
DES ÉDITEURS

La Liberté

Muriel Cerf dit la dévoration en neuf nouvelles vénéneuses

Après avoir publié en février dernier un long et excellent roman Le Verrou (Ed. Actes Sud), Muriel Cerf nous revient cet automne avec ce qui peut apparaître comme son contraire, un petit recueil de neuf nouvelles. Mais au-delà des apparences c'est de la même veine que sont faits ces deux livres.. En effet si Le Verrou explorait une passion charnelle et transgressive dans une écriture chatoyante, portée par une sorte d'urgence, en neuf textes courts Ogres et autres contes font pareil ou presque.
Ce qui retient chez Muriel Cerf c'est la qualité du style, une sorte de perfection dans l'art de faire miroiter la sensualité. Les textes de ce recueil présentent une série de variations sur le thème de l'excès et de la dévoration. Là où l'amour devient obsession, voire prison, où les relations interpersonnelles virent à la dépendance la plus extrême. Chacun devenant pour l'autre l'occasion de vivre ses fantasmes. Celui de dominer ou d'être dominé, celui d'assouvir sa faim comme celui d'en alimenter la source. Derrière la brutalité des situations, leur côté scabreux ou vénéneux, c'est le charme de l'écriture qui convainc le plus. Il y a là dans les mots, le rythme du texte, une sorte de pouvoir ensorcelant. Car Muriel Cerf n'hésite pas à entrelacer métaphores et réseaux sémantiques langages de la chair et de la bonne chère, comme de tout le foisonnement de la création. Le miracle alors est de voir le texte évoquer jusqu'aux scènes les plus crues et de toujours les transcender par la magie du verbe. Pour le seul plaisir du lecteur, ce quêteur inlassable d'extases.

A.F.
La Liberté
29-30 novembre 1997

Liberté de l'Est

L'amour dévorant des ogres

Les livres de Muriel Cerf, née en 1950 à Paris, sont un bonheur de lecture. Son style est très personnel, saisissant par sa brièveté, son efficacité et ses formules évocatrices et percutantes. Son recueil "Ogres et autres contes" contient neuf nouvelles. Attention, si les ogres en général sont des néants de contes de fées à l'aspect effrayant qui se nourrissent de chair humaine, ceux de Muriel Cerf ne sont pas du tout des personnages pour enfants...
Ici ce sont des adultes comme vous et moi qui dévorent à petit feu et avec férocité l'objet de leurs désirs, comme dans la nouvelle éponyme "Ogres" sur le mauvais sort terrible fait à la femme d'un homme qui boit, qui se prend pour Zorro et Saint-Just et anéantit peu à peu celle dont il a fait sa chose, celle qu'il a "enfantomée" (ce néologisme, c'est du Cerf pur jus).
Toutes ces nouvelles décrivent des cas d'amour-prison: des corps amoureux qu' se boivent, un homme jaloux qui d'une façon osée prive celle qu'il aime du goût et de la parole; Laura langue de miel et de fiel, une de ces tueuses qui mangeraient aussi bien leur mère que leur enfant, une autre femme veut de l'amour après avoir tout ravagé autour d'elle; trois soeurs que leur père trouve si belles qu'il veut les faire admirer nues dans leur sommeil par des hommes ivres Rose Mouret et son étrange passion. Muriel Cerf est a la fois l'entomologiste de l'odieux, du vénéneux, et un scribe gourmand de mots juteux.

F.J.
Liberté de l'Est
3 d écembre 1997

Créations

Et si les ogres, les fées, les sorcières, les héros de la mythologie existaient encore? Admettons que ces légendes, ces mythes soient vrais et que leurs protagonistes soient parmi nous. Quels visages revêtiraient-ils ? Où habiteraient-ils et comment vivraient-ils ? Sous la plume de Muriel Cerf, la jalousie d'une mère envers sa fille amène à un déchirement, à une vengeance, elle devient sorcière. Cette transformation du réel s'opère sans la formule magique "il était une fois"; les pays où se déroulent les histoires nous sont proches. Ils le sont au point que l'histoire d'un père, en Yougoslavie, qui aime ses trois filles de manière possessive et obsessionnelle, les emprisonne et les déchire, devient une allégorie de l'Histoire, qui elle aussi sait être meurtrière. Par des moyens détournés, l’auteur réinvente les contes et leur donne une valeur symbolique. Elle dissimule çà et là des clés qui nous permettent de rentrer dans son imaginaire et de comprendre que Barbe Bleue, Médée et Carabosse sont nos contemporains
Et, qui sait si sous les yeux d'un enfant, les mêmes transformations ne s'opèrent pas ?

Créations
d écembre 1997

Femina

Ecrivain, Muriel Cerf, née à Paris en 1950, l'est jusqu'au bout des doigts. D'une brièveté saisissante, d'une absolue précision, elle dit l'essentiel avec une économie de moyens qui laisse pantois. Ses mots, toujours comme son regard. Perçant. En neuf nouvelles, elle décortique au scalpel l'amour, le désir, l'obsession, jusqu'à la dépendance, jusqu'à la désagrégation de soi....

Femina
16 novembre 1997 - Lausanne

Femmes
d'Aujourd'hui

Dévoration, castration, étouffement, prise d'otage: quand ces mots ont pour justification l'amour et se dissimulent sous la fausse appellation de passion, alors il y a "ogres". De ces êtres qui font de l'amour une prison et de la vie conjugale une toile d'araignée pour mieux vous dévorer... En neuf nouvelles, à la fois baroques et concises, Muriel Cerf cisèle le portrait d'un amant dévastateur, fou de jalousie ou alcoolique, d'un père abuseur ou d'une mère trop séduisante. La magie noire, mais envoûtante, d'un texte qui se lit comme la litanie d'une descente aux enfers...

Femmes d'Aujourd'hui
20 novembre 1997 - Belgique